18.12.1985 ; Jake Grurietti & Agnes Frabricci tombent l'un sur l'autre, la belle italienne était serveuse alors que Jake consommait un repas, il dinait seul puisqu'il était en voyage d'affaire dans le nord de l'italie. Entre eux ce fut une sorte d'étincelle, des deux côtés, mais le jeune homme était marié depuis quelques années, et même si tout n'allait pas toujours bien dans le couple, il était heureux. Une petite aventure extra-conjugale serait elle si tragique ? Finalement ils avaient finit par passer ce cap, pour ne jamais se revoir, ils n'avaient pas prévus que Agnes tomberait enceinte, en fait, ils n'avaient pas prévu de se revoir et ce fut le cas, Agnes décida de ne rien lui dire, d'élever seule son enfant. Et me voilà arrivé dans ce monde quelques mois plus tard, 9 pour être exact, comme dans la plupart des cas.

25.12.1991 ; C'était mon sixième noël, je m'en rappelle, j'avais commandé ce vélo que j'avais vu sur le catalogue, il était à la mode et tous mes copains l'avaient. Je ne croyais plus au père noël, l'illusion s'était envolé un an plus tôt lorsqu'un garçon de ma classe me l'avait annoncé froidement. Je regardais ma mère, je l'imaginais sortir le vélo du garage à tout instants, lorsqu'elle me tendit mon cadeau, un paquet simple, petit qui ne contenait pas un vélo, c'était certains... J'étais déçu, ça devait se voir puisque ma mère s'est énervé et m'a fait tout un speech avant de casser le camion qu'elle venait de m'offrir en le jetant violemment contre le mur. Elle était à bout de nerfs la pauvre, elle enchaina deux jobs minables, plus mon éducation, ça ne devait pas être évident. A cet age, je ne comprenais pas ce qui pouvait se tramer dans sa tête, je pensais que les billets poussaient sur les arbres, je n'avais aucune idée de combien la vie pouvait être compliquée.

13.03.1998 ; Ma mère ne supportait plus ce poids, autrement dit moi, elle n'en pouvait plus, exténuée et a bout de nerfs, elle se suicida en s'accrochant aux barreaux de l'escalier, je l'ai trouvé en rentrant de l'école un mardi soir. Je suis sortie de la maison, j'ai errer pendant des heures dans la rue, certains m'ont pris en pitié et m'ont offert quelques sous. J'ai changé de noms, je fuyais la police, pas question pour moi de finir dans un orphelinat, j'avais trop peur de ça. J'ai rencontré énormément de gens, beaucoup m'ont aidés, d'autres m'ont enfoncés dans ma détresse.

09.04.2004 ; J'avais besoin d'un job qui paie et en vitesse, malchanceux aux jeux, j'avais voulu amasser un max de pognon en jouant au poker, malheureusement je m'étais fait plumer et je devais désormais 10000 dollars à des types un peu louches. J'avais pris la décision d'emménager à Rome, seulement ça ne suffirait pas à les faire abandonner, c'est comme ça que j'ai commencer à travailler pour le compte des Leonidas, au début des petites choses très simples comme du deal de coke, du transport de matériaux... Puis tout est allé très vite et on me demanda alors d'assassiner une jeune femme, elle avait été l'observatrice d'une scène qu'elle n'aurait pas du voir, comme on dit, au mauvais endroit, au mauvais moment. Ma couverture était très simple, j'étais son professeur de piano. Les jours passaient et j'en apprenais de plus en plus sur ma cible, 22ans, belle et insouciante, elle était sans arrêt poursuivie par ce garde du corps qui devait faire trois fois ma taille. Pour elle, j'étais Felipe A. Sanchez, un pianiste espagnol qui était à Rome depuis peu. Elle ne tarda pas à me faire comprendre que je lui plaisais, je gardais mes distances, froid et stoïque à l'extérieur, mais intérieurement, elle me faisait un effet dingue, des papillons dans le ventre, son visage en permanence dans ma tête.

24.01.2005 ; Ma mission était pourtant simple, je devais me résoudre à la tuer, malgré tout ce que je ressentais pour elle, elle devait quitter cette terre. Pas question, sur un coup de tête, je l'empoignais et je lui expliquais toute la situation, ma véritable identité lui fut révélée ce soir là, je n'avais pas donné mon véritable prénom depuis la mort de maman. Direction Vegas, nous avons décidés de nous marier dans l'instant, nous avons fuit durant plusieurs mois avant qu'ils nous retrouvent. Sans un saoul en poche, j'avais commis des erreurs et ils nous avaient retrouvés, ils l'avait retrouvé elle. Du sang partout dans l'appartement, son visage était terrifié, comment avais je pu être aussi stupide pour croire que j'arriverais à la protéger à moi seule, j'aurais du l'envoyer chez les flics. Quel crétin je faisais. Elle était morte, dans mes bras et je n'avais rien pu faire pour elle, mon devoir était de la protégée, je lui avais pourtant promis.

09.07.2010 ; C'est seulement quand on a tout perdu qu'on est libre de faire ce que l'on veut n'est pas ? Je n'avais plus rien, elle était partie en ne me laissant que remords, haine et impuissance. Je ne pouvais plus me regarder dans le miroir, beaucoup trop douloureux. Jusqu'à cette lettre de ma mère, je ne l'avais jamais lu auparavant, par manque de courage, elle me l'avait laissé le jour de son suicide. Après une lecture attentive, j'appris que mon père était toujours vivant. Était ce le destin, une chance de renaitre ? Peut être pas, seulement je me devais de connaitre mon géniteur, vous ne croyez pas ?

Après une rencontre ironique avec ma future nièce ce matin, je m'étais rendu dans un club de gym, histoire de pratiquer un peu de sport, haltère ou autre, c'était importe pour moi de garder cette résistance physique en pratiquant. J'étais trempé de sueur et je décidais donc de me rendre sous la douche, j'y restais des heures entières, ce moment privilégié avait toujours été un de mes préférés. Une fois sortis du club, je respirais l'air pur qui m'entourais, ce que j'aimais par dessus tout à Rome, ce temps estival quasi annuel, une fois de plus, le soleil avait pointé le bout de son nez. Je souriais, j'étais ravi d'être de retour dans ma ville, car oui, je me sentais chez moi ici, il faut avouer que la majorité de ma vie s'était déroulée ici. Tout m'étais familier, les magasins, les restaurants, les gens. D'un pas décidé, je marchais en directement de la maison, et oui j'étais piéton depuis mon retour, parfois je demandais à Lily de me déposer, ou alors je prenais un taxi. Comme toujours, j'étais distrait, faut avouer que je regarde rarement devant moi quand je marche, heureusement mes réflexes étant là, je réussis à rattraper la jeune femme que je venais tout juste de bousculer. mon visage se figea, mes muscles ne répondait plus, je recule d'un coup sec en lui lâchant le bras, elle était là, face à moi. Le souffle haletant, je me sentais con, j'avais l'impression d'être un adolescent maladroit, frappé d'inertie. Je secouais la tête et revint soudainement à la vie. Avalant difficilement ma salive, je la fixait bêtement, je ne savais que lui dire...

Six ans c'est long sans revoir la femme que vous aimer. Les années s'étaient écoulés, tout s'était envolé, laissant seulement quelques bribes de souvenirs glorieux. Le passé était révolu, c'est un fait et tout ce qui me restais désormais, c'était des regrets amères et tristes. J'avais agis sans réfléchir, ne pensant pas aux conséquences de mes actes. On était si heureux ensembles, nous vivions dans notre monde, notre bulle, il arrivait que nous ne sortions pas de ma chambre pendant plusieurs jours, nous nous suffisions à nous même. En fait, nous étions bien trop occupés à bâtir notre monde pour se soucier de tout ce qui se rattachait à celui dans lequel nous étions encore emprisonnés. Elle était plus belle que jamais, ses années en plus lui donnait un air encore plus doux, il avait toujours aimé la comparer à un ange car elle y ressemble tellement. J'étais partis en la laissant et cet acte m'avait laissée une cicatrice immuable. Jamais elle ne me pardonnait, comment le pourrait elle ? J'avais écris une lettre pour elle chaque jour, me disant qu'avec un peu plus de bravoure, je la glisserais dans enveloppe avec celle de Lily pour qu'elle la lui remette. Je n'en avais rien fait, j'avais été lâche, je m'étais dis qu'elle arriverait plus facilement à m'oublier si elle me détestait, que mon départ serait moins lourd à supporter. M'étais je trompé ?

Elle avait surement quelqu'un aujourd'hui, si parfaite, il était inconcevable qu'elle n'est pas un petit ami, ou peut être un mari, qui sait peut être même une famille. Je dégluti difficilement à cette pensée, le temps avait passé, pansant difficilement les plaies, et le fait de la revoir avait ouvert tout ce que j'avais cru enfouir en moi. Elle prit la parole la première mais ne prononça que quelques mots, et oui, elle devait être aussi surprise que moi, si ce n'était plus. Après tout, je savais où je mettais les pieds en rentrant, elle pensait peut être que j'étais mort où autre... Pour ma part, j'avais fréquemment des nouvelles d'elle par ma soeur, brèves mais elle me permettait de savoir comment elle se portait et cela me rassurais.

BRYAN ♣ Surprise...

Surprise, mais quel crétin je fais franchement. Je me serais bien foutu une claque à cet instant précis, je l'aurais entièrement mérité... J'ajoutais ensuite, comme pour banaliser la chose, autant que possible en tout cas :

BRYAN ♣ tu es resplendissante, ça a l'air d'aller toi.