knocking on heavens door // Ismena

Je me réveille souvent la nuit. Je prends toujours quelques minutes pour me situé, quelques minutes pour me dire que je ne suis plus en Amérique, qu’elle n’est plus dans ma vie. Le silence de ce moment dure quelques instants, puis après cela je me lève et je fais comme si de rien n’était. Comme si mon ancienne vie n’avait jamais existée. Je deviens celui que je dis être : un professeur de maths sans histoire venu en Europe pour découvrir un autre pays, le jeune prof venant d’une famille tranquille. Parfois il serait tellement tentant de croire soi-même à cette vie, surtout que je n’ai pu conservé de mon passé un simple objet aurait pu mettre en doute mon histoire, ma bague de mariage et les photos de ma femme. Tout cela était bien dissimulé dans une boite au fond d’un bureau de l’agence.

C’est une chose terrible tout de même, de n’avoir que des souvenirs dans son existence. Ma femme aurait sûrement voulut que j’arrête ce métier s'il lui arriver malheur, mais je n’ai pas pu. Continuer à être le même homme cela m’était devenu si impossible. Je suis devenu ce qu’un bon agent doit être, c’est-à-dire personne. Certes j’aurais très bien pu me tirer une balle, mais je ne suis pas ce genre d’homme, je le déplore souvent d’ailleurs. Je fais alors de mon mieux pour garder le monde tel que je le connaissais avant. J’évite que trop de personnes soient blessées par ce genre de truc. Certains diront que je suis un héros, mais j’ai dû faire des choses vraiment immondes. Disons alors que je fais uniquement ce pourquoi on me donne de l’argent à la fin du mois. En parlant de chose pas catholique, dans le lot il y a aussi l’abus de la confiance des gens.

Comme celle de cette fille que j’ai rencontré il y a quelques temps, elle est vraiment gentille. Mais j’ai trouvé des choses comme quoi elle aurait perdu un enfant. C’est une mère, elle se sent donc coupable. Cette faille m'a permit de l’approcher, elle n’a personne qui puisse vraiment la comprendre. Dans un sens je me suis servit de ma propre peine pour la manipuler, je sais quel mot utiliser pour la faire sourire ou au contraire pour la rendre triste, pour qu’elle ressente ainsi un besoin de contact humain. Mais je n’ai pas vraiment le choix, il faut que je passe inaperçu. Et un homme draguant, passe toujours mieux qu’un américain solitaire hein. Même si je parle très peu de moi, de ma vie, je sais qu’elle me comprendra à sa façon.

Bref, c’est dans ce contexte assez tordu que je l’ai invité ce soir dans un bar, le genre de petit lieu ou des artistes chantent ou récitent des textes. Bref un truc d’art local. Je trouvais que cela faisait assez prof non ? Mais même si je me sers d’elle comme d’une couverture, je suis l’homme le plus gentil et serviable. Mon but n’est pas de lui faire du mal, je me dis dans un sens cela est aussi bon pour elle. Peut-être que si elle voit qu’on aime toujours sa compagnie, cela l’aidera à avancer dans la vie. Il faut bien que je me dise ça pour me sentir moins coupable. Bref, que je me sente ou non bien de faire ceci, j’étais à présent devant sa porte, habillé de façon classique. En espérant que mon accent américain ne la fasse pas trop rire. Je sonnais à présent devant à porte.